C’est l’ombre d’un homme jetée contre un mur.
Cette ombre un jour de 1949 imposée sur un mur de gris divers et talochés, bétonnés, onctueux dans la lumière qui crûment les active.
Sur cette photographie de Lucien Hervé intitulée Ombre à Marseille, prise en 1949, il y a l’ombre d’un homme qui va gravissant, à sa main son seau et l’épaule côté seau se haussant, les marches d’un escalier où les clairs s’organisent en triangles. On lui devine une gapette dans la géométrie.
L’ombre, quoi qu’on en pense, n’est pas toujours l’ange de la chose.
Je dis que cette ombre est le père. Dans son seau sa couronne – il est jeune encore et porte beau, la ceindre pour quoi faire ? Gradus ad. L’essor majeur à toutes les jeunesses promis, vivantes et viables et méritantes en tout cas.
La couronne dans un seau à vif.
Ayant donné l’année suivante mille et quelques clichés de la Cité Radieuse, le photographe est repéré par Le Corbusier, qui l’emmène à Brasilia, l’emmène ailleurs, l’emmène à Chandigarh où dans la pierraille (car on sait l’égale inclination d’Hervé pour le pavage et l’humain, ce goût des petits bonshommes dans le haut des clichés laissant descendre sous eux comme depuis des cintres du macadam en drap, de la dalle, de larges surfaces cailloutées qu’on entendrait pour un peu dégringoler avec le rataplan d’une grosse breloque, ce penchant d’Hervé pour les tout petits vivants dans l’architecture, menus et modiques, obstinés peut-être, nos amis inconnus parmi le roc domestiqué du monde), à Chandigarh, donc, où sourient à croupetons sur des routes grossièrement asphaltées des hommes vêtus, à voir vite, de sarongs tels qu’on en porte en réalité plus à l’est.
J’ai cru, à voir vite, lire un jour Shangri La pour Chandigarh.
L’ombre, qui n’est pas l’ange de la chose, se meut donc à Shangri La, dans l’éternelle jeunesse de Shangri La où sont le soir, parce que je les invente, au crépuscule ardoisé dont les vallées s’oignent, de petits singes, dans l’ardoise livrée avec la nuit de tout petits singes dont la gueule est sans âge.
Toutes les fois que nous ceignons la couronne, nous sommes à Shangri La, « pleins et capables » dans le chrême bleu et ne mourant pas. C’est Marseille, c’est en 1949 mettons, c’est le plomb de juste calibre et juste poids qu’on se risque un instant à vouloir connaître sous le nom de grâce, c’est l’été à tout autre préférable. Chassant dans le noir ce qui brièvement nous couronne, « nous faisons ensemble le saut de la nuit dans le jour », avec notre ombre à tous sur tous les murs du monde insolée.
Cette ombre un jour de 1949 imposée sur un mur de gris divers et talochés, bétonnés, onctueux dans la lumière qui crûment les active.
Sur cette photographie de Lucien Hervé intitulée Ombre à Marseille, prise en 1949, il y a l’ombre d’un homme qui va gravissant, à sa main son seau et l’épaule côté seau se haussant, les marches d’un escalier où les clairs s’organisent en triangles. On lui devine une gapette dans la géométrie.
L’ombre, quoi qu’on en pense, n’est pas toujours l’ange de la chose.
Je dis que cette ombre est le père. Dans son seau sa couronne – il est jeune encore et porte beau, la ceindre pour quoi faire ? Gradus ad. L’essor majeur à toutes les jeunesses promis, vivantes et viables et méritantes en tout cas.
La couronne dans un seau à vif.
Ayant donné l’année suivante mille et quelques clichés de la Cité Radieuse, le photographe est repéré par Le Corbusier, qui l’emmène à Brasilia, l’emmène ailleurs, l’emmène à Chandigarh où dans la pierraille (car on sait l’égale inclination d’Hervé pour le pavage et l’humain, ce goût des petits bonshommes dans le haut des clichés laissant descendre sous eux comme depuis des cintres du macadam en drap, de la dalle, de larges surfaces cailloutées qu’on entendrait pour un peu dégringoler avec le rataplan d’une grosse breloque, ce penchant d’Hervé pour les tout petits vivants dans l’architecture, menus et modiques, obstinés peut-être, nos amis inconnus parmi le roc domestiqué du monde), à Chandigarh, donc, où sourient à croupetons sur des routes grossièrement asphaltées des hommes vêtus, à voir vite, de sarongs tels qu’on en porte en réalité plus à l’est.
J’ai cru, à voir vite, lire un jour Shangri La pour Chandigarh.
L’ombre, qui n’est pas l’ange de la chose, se meut donc à Shangri La, dans l’éternelle jeunesse de Shangri La où sont le soir, parce que je les invente, au crépuscule ardoisé dont les vallées s’oignent, de petits singes, dans l’ardoise livrée avec la nuit de tout petits singes dont la gueule est sans âge.
Toutes les fois que nous ceignons la couronne, nous sommes à Shangri La, « pleins et capables » dans le chrême bleu et ne mourant pas. C’est Marseille, c’est en 1949 mettons, c’est le plomb de juste calibre et juste poids qu’on se risque un instant à vouloir connaître sous le nom de grâce, c’est l’été à tout autre préférable. Chassant dans le noir ce qui brièvement nous couronne, « nous faisons ensemble le saut de la nuit dans le jour », avec notre ombre à tous sur tous les murs du monde insolée.
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