mercredi 14 mai 2008

« ... je te promets solennellement que tu ne t’ennuieras jamais. »


Certes pas de quoi se prendre pour Claro ; bibi néanmoins s’autopromeut : parution ce jour d’une traduction légère et court vêtue (à propos de l’auteur : « Brigid Keenan est un savoureux mélange de Mr Bean au féminin et de voyageuse chic à la façon des Victoriennes, le tout assaisonné d’autant d’humour que d’action humanitaire. »)

Extraits :

Le campement avait été établi dans une vaste clairière, au beau milieu d’une forêt dont on disait qu’elle grouillait de serpents, parmi lesquels Bungarus Multicinctus – autrement surnommé « serpent sept pas », car qui se fait mordre n’a pas le temps de faire plus de sept pas avant de s’écrouler raide mort. AW ouvrit la trousse à pharmacie et m’y montra, pour me rassurer, l’anti-venin fourni par le gouvernement britannique mais, en lisant l’étiquette, nous découvrîmes d’une part que le sérum était périmé, de l’autre qu’il n’était efficace que contre les morsures des serpents africains du genre mamba.

Le supérieur d’AW tenant absolument à fumer avant son départ la marijuana que nous lui avions rapportée, un soir, après le dîner que nous l’avions invité à partager avec nous dans notre hutte, nous fîmes « tourner un joint », tous trois de plus en plus mal à l’aise à mesure que les minutes s’écoulaient - de plus en plus grotesques, nous semblait-il. Je serais curieuse de savoir ce que contenait cette cigarette. Je ne me souviens que d’une chose : à une plaisanterie plutôt faiblarde lancée par le grand patron, je me mis à rire poliment, pour me rendre compte bientôt que je ne parvenais plus à m’arrêter. Je ris ainsi pendant trois heures, non pas d’un discret gloussement, mais bien plutôt d’un de ces gros rires vulgaires qui vous prennent au ventre, vous font vous balancer d’avant en arrière en vous tenant les côtes jusqu’à tomber de votre chaise. Le supérieur d’AW ne dissimulait pas sa surprise ; même lui avait conscience que son trait d’humour ne valait pas de pareilles démonstrations. Je fus obligée de quitter la table pour aller m’allonger sur notre lit, d’où ils continuèrent de m’entendre hoqueter dans mon coin. J’étais à la torture, ma tête sonnaillait comme si elle avait été emplie de verre brisé. J’avais l’impression que j’allais devenir folle, mais j’étais incapable de me contrôler.

Des amis du propriétaire nous firent entrer, la porte marquant la transition entre la miteuse ruelle sombre dont nous émergions et une cour gorgée de soleil où trônait une fontaine ; des grappes de fleurs de jasmin dégringolaient en superbes cascades et, tout autour, des embrasures en pierre surchargées d’ornements donnaient sur des pièces mystérieuses et obscures. Mais Fatie me fit presser le pas : elle avait mieux à me montrer. Me prenant par le bras, elle m’invita à gravir un escalier crasseux, puis à longer un couloir empoussiéré jusqu’à la fenêtre d’un palier offrant une vue sur le salon principal. Elle l’ouvrit et me poussa en avant. Mon regard se porta sur une pièce immense et richement décorée, brillant d’autant de feux qu’une boîte à bijoux. J’étais éblouie. Je n’avais jamais rien vu de tel. Murs gris-bleu garnis de frises exquisément découpées dans un bois doré dont on s’était mêmement servi, quoique en dentelles plus délicates encore, pour menuiser les portes des placards dans lesquelles étaient sertis des miroirs ; fresques figurant le détroit du Bosphore ; sol en mosaïque de marbre ; fontaine. C’était stupéfiant, mais à la fois plein de chaleur et de charme. Si une pièce avait le pouvoir de sourire, alors celle-ci me souriait, j’étais ensorcelée. Je tombai dès lors follement amoureuse de Damas.

Des diplomates farfelus, on en trouve dans le monde entier. Le plus déroutant qu’il nous ait été donné de croiser était un émissaire allemand équipé d’un bras artificiel (le droit). La plupart du temps, il le tenait immobile, le faux pouce passé dans la ceinture de son pantalon, mais si vous vous avanciez pour le saluer, il dégageait, afin de la lancer dans votre direction, la main factice que vous n’aviez plus qu’à tenter de saisir au vol pour la serrer. C’était un cauchemar : il y fallait toute la concentration d’un joueur de tennis prêt à recevoir le service adverse sur un court de Wimbledon car, si vous manquiez votre cible, son bras retombait, ballant de la manière la plus embarrassante qui soit.

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