jeudi 11 septembre 2008

« Il y a deux jours, soirée avec Utitz. »



Franz Kafka, 11 septembre 1912 :
« Rêve : Je me trouvais sur un isthme en pierres de taille profondément enfoncé dans la mer. J’étais avec quelqu’un ou avec plusieurs personnes, mais j’avais de ma propre existence un sentiment si fort que mes connaissances sur elles se bornaient à peu près au fait que je leur parlais. Je ne me rappelle que les genoux soulevés d’une personne assise à côté de moi. Au début, je ne savais pas où j’étais, mais en me levant par hasard, je vis, à ma gauche et à droite derrière moi, un immense océan aux contours distincts qui portait un grand nombre de vaisseaux de guerre alignés et solidement mis à l’ancre. À droite, on voyait New York, nous étions dans le port de New York. Le ciel était gris, mais également clair partout. Librement exposé à l’air de tous côtés, je tournoyais sur place pour essayer de tout voir. Du côté de New York, le regard s’abaissait un peu vers le fond, du côté de la mer, il montait. À ce moment, je remarquai aussi que près de nous, l’eau formait de grosses vagues sur lesquelles se déroulait un énorme trafic cosmopolite. Tout ce que je me rappelle, c’est que nos radeaux étaient remplacés par un immense fagot rond fait avec de longs troncs d’arbres ficelés, dont la coupe, à mesure que le fagot avançait, ce qu’il faisait aussi dans le sens de la longueur, sortait sans cesse de l’eau, plus ou moins selon la hauteur des vagues. Je m’assis, tirai mes pieds à moi, tressaillis de plaisir, m’enfonçai littéralement dans le sol tant je me sentais bien et je dis : “Mais c’est encore plus intéressant que la circulation sur les boulevards parisiens.” »

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