dimanche 15 février 2009

Muser haut, muser bas


[Ricky, de François Ozon, avec Alexandra Lamy, Sergi López...]
Du fait que vivre tue on se casque, on se masque – et Ricky quand on l’y risque n’y coupera pas non plus, infans d’un coup chitineux.
Du fait que vivre émeut on baise.
Après quoi cela vous reste sur le cœur sous l’espèce de l’increvable crierie de Ricky que presque on exècre.
À force.
Mais cela, voyez, va se rédimant car la vie n’est pas toujours si chienne.
Et parce qu’ailleurs cela gouleye, cela coule : car Ricky c’est du lait.
Sous la peau sans apprêt du sein les canaux lactifères, les biberons qu’à tort on s’imagine innombrables – tétins et tétines bouchant, bondonnant bébé, obturant le cri de Ricky dont l’expression vit ailleurs, lacs lactés des œils dans quoi flotte un pois bleuet – la mère, la fille, le fils, idem – et c’est, au fond, de lait, à la fin, qu’on croirait que Katie dégouttant ruisselle, dont la mamelle aurait giclé comme celle d’Héra aux ciels dont précisément Ricky montre la voie.
Ricky galatophore.
Mieux : Ricky blanc, le point blanc sur le papier blanc (ce pour quoi un temps le père est forclos, l’ogre au poil noir et le dévoreur de poulet quand l’enfant se fait un temps galliforme) – mais blanc double (et Ricky d’ailleurs entier double : poussée du merveilleux sous l’œil de la famille ; pour le reste du monde survenue fantastique), blanc duel incarné dans le blanc carné de Lisa, tantôt crevarde et tantôt lumineuse, blanc blême ou blanc de lait, blanc des rêves ou de la carence conjuguée à l’émaciation, ici quasi cadavéreux et là nitescent, diaphane parfois jusqu’au hyalin (ces fois-là Ricky s’évapore, qui sait qui croire et d’où ça voit ?), masque albuginé, masque oui (d’où ça parle ?), quoi qu’il en soit lactescence, blanc flanqué de tous ses symboles, candeur invariablement mais toujours candeur de chair – hosanna : Ricky tu n’es pas un ange.

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