lundi 9 juin 2008

Le lait des guetteurs


[démembrement outrageusement sentimental de trois chansons de francis cabrel...]

[... que Bibi lit du côté de MySpace sur une musique de Kaki King.]

J’ai passé l’hiver -
et après ?
toujours attendant tant /
dire.
(tant)
Un mot, [bien] le faire (le faire), deux ou trois.
Deux ?
(tant)
(lourdes sentinelles)
Ou trois.
Sourire à l’envers on voit, je vois, chaque fois t’appelle ;
pas de raison.
Sur les tréteaux : le jeu
et la vie /au travers.
Pas de. Pas. Deux ou trois ?
Tu le désert confidentiel.
J’attends d’elle ces fruits, les plis
elle.
Chaque coin de rue agissait.
Monter sans toi,
on voit, haut, l’horizon /
barreaux.
« Deux ?
- Souvent trois, c’est égal. »
(Ou d’autres choses à quoi penser, c’est bien normal.)
La nature passe.
On croyait sortir des maisons sans qu’on sache pourquoi :
pour la dérive, la lumière en face
ce goût des choses finalement
et si tu m’attendais
« sens-tu ce goût de sel
- je sens ce goût de poivre. »
Je me réveille avec les cordes.
Deux ou trois ombres bêtes.
Trois ?
Deux.
Glisser toujours sans l’enfance là-haut / autour / c’est pour ça / chaque fois j’entends, je vois, flamboie loin /
loin déjà le monde.
Tombé, vite fendu,
quelques fragiles ombres.
Deux ?
Trois ?
C’est égal : elles balancent.
(Lourdes semelles.)
Quelqu’un en transparence.
Descendre sans parler me donne l’inestimable / je bois le lait des guetteurs.
Mais le mal que souvent j’ai -
le miel profond des guetteurs ?
Descendre ou monter c’est égal, mais dans le bleu
(grandes chaleurs)
toujours.
« Quitter la course
- obstacles absents
- [un miracle dans les plis] »
/ jamais / le mal que souvent / c’est bien ça.
Personne, c’est bien ça l’ennuyeux jour : croiser en retard, tout le temps : là.
Devant une aussi belle : sourire : dire jamais.
« Deux ou trois fois ?
- Toujours. »
On se réveille avec fièvre.
Avec les barreaux.
Avec les cordes.
Défaire me donne de la vitesse / le miracle que rien n’efface / l’étreinte que j’attends d’elle / l’essentiel sec / le miel.
« Juste une question dans l’espace
- chaque fois
- ça dure toujours. »
On parle autour (deux ou trois mots) des mots, vitesse des mots absents.
[c’était éternel]
[si]
Belle lumière,
l’hiver confidentiel du sol où nous sommes
chaque fois / nos vies
nos vies.
Est-ce que je t’écrirai ?
Ces portes à l’envers ;
nos vies ;
j’attends ce que j’attends d’elle au travers d’elle - le monde.
« C’est quoi ?
- Deux ou trois histoires.
- C’est quoi ces histoires vers le ciel »

1 commentaire:

Eric Poindron a dit…

« Il faut s’entraider, c’est la loi de la Nature. » Jean de la Fontaine

« Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de « Bateau-livre »
n'ait dissipé. » Anonyme.


Reçu hier cette lettre de Frédéric Ferney animateur du « Bateau–Livre » Sur France 5.

Je vous laisse juge de réagir et surtout de soutenir cette belle cause....

N'hésitez pas à laisser vos commentaires et vos messages de soutien que nous ferons parvenir à Frédéric FERNEY.

Une émission littéraire qui disparaît, contrairement au train, n'en cache pas forcément une autre.

Alors restons vigilants et continuons de soutenir ceux qui donnent envie de lire ailleurs que sur les autoroutes culturelles...

MERCI DE RELAYER L’INFORMATION ET DE LAISSER UN MESSAGE SUR CE BLOG :

http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites

Votre dévoué,

Eric Poindron

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Paris, le 4 juin 2008

Monsieur le Président et cher Nicolas Sarkozy,

La direction de France-Télévisions vient de m’annoncer que « Le Bateau-Livre », l’émission littéraire que j’anime sur France 5 depuis février 1996, est supprimée de la grille de rentrée. Aucune explication ne m’a encore été donnée.

Si j’ose vous écrire, c’est que l’enjeu de cette décision dépasse mon cas personnel. C’est aussi par fidélité à la mémoire d’un ami commun : Jean-Michel Gaillard, qui a été pour moi jusqu’à sa mort un proche conseiller et qui a été aussi le vôtre.

Jean-Michel, qui a entre autres dirigé Antenne 2, était un homme courageux et lucide. Il pensait que le service public faisait fausse route en imitant les modèles de la télévision commerciale et en voulant rivaliser avec eux. Il aimait à citer cette prédiction : « Ils vendront jusqu’à la corde qui servira à les pendre » et s’amusait qu’elle soit si actuelle, étant de Karl Marx. Nous avions en tous cas la même conviction : si l’audience est un résultat, ce n’est pas un objectif. Pas le seul en tous cas, pas à n’importe quel prix. Pas plus que le succès d’un écrivain ne se limite au nombre de livres vendus, ni celui d’un chef d’état aux sondages qui lui sont favorables.

La culture qui, en France, forme un lien plus solide que la race ou la religion, est en crise. Le service public doit répondre à cette crise qui menace la démocratie. C’est pourquoi, moi qui n’ai pas voté pour vous, j’ai aimé votre discours radical sur la nécessaire redéfinition des missions du service public, lors de l’installation de la « Commission Copé ».
Avec Jean-Michel Gaillard, nous pensions qu’une émission littéraire ne doit pas être un numéro de cirque : il faut à la fois respecter les auteurs et plaire au public ; il faut informer et instruire, transmettre des plaisirs et des valeurs, sans exclure personne, notamment les plus jeunes. Je le pense toujours. Si la télévision s’adresse à tout le monde, pourquoi faudrait-il renoncer à cette exigence et abandonner les téléspectateurs les plus ardents parce qu’ils sont minoritaires? Mon ambition : faire découvrir de nouveaux auteurs en leur donnant la parole. Notre combat, car c’en est un : ne pas céder à la facilité du divertissement pur et du ''people''. (Un écrivain ne se réduit pas à son personnage). Eviter la parodie et le style guignol qui prolifèrent. Donner l’envie de lire, car rien n’est plus utile à l’accomplissement de l’individu et du citoyen.

Certains m’accusent d’être trop élitaire. J’assume : « Elitaire pour tous ». Une valeur, ce n’est pas ce qui est ; c’est ce qui doit être. Cela signifie qu’on est prêt à se battre pour la défendre sans être sûr de gagner : seul le combat existe. La télévision publique est-elle encore le lieu de ce combat ? Y a-t-il encore une place pour la littérature à l’antenne ? Ou bien sommes-nous condamnés à ces émissions dites « culturelles » où le livre n’est qu’un prétexte et un alibi ? C’est la question qui est posée aujourd’hui et que je vous pose, Monsieur le Président.

Beaucoup de gens pensent que ce combat est désespéré. Peut-être. Ce n’est pas une raison pour ne pas le mener avec courage jusqu’au bout, à rebours de la mode du temps et sans céder à la dictature de l’audimat. Est-ce encore possible sur France-Télévisions ?

En espérant que j’aurai réussi à vous alerter sur une question qui encore une fois excède largement celle de mon avenir personnel, et en sachant que nous sommes à la veille de grands bouleversements, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.

Frédéric Ferney


P.S. « Le Bateau-Livre » réunit environ 180 000 fidèles qui sont devant leur poste le dimanche matin à 8h45 ( ! ) sur France 5, sans compter les audiences du câble, de l’ADSL et de la TNT ( le jeudi soir) ni celles des rediffusions sur TV5. C’est aussi l’une des émissions les moins chères du PAF.


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