mercredi 2 juillet 2008

Momont pas kawai


À preuve : c’est sur cette proposition qu’on fit hier, légère et court vêtue, que Boyz of Skandalz choisit de nous compter parmi ses membres - hosanna au plus haut des feux, et sirotons donc un thé dans le sabot évidé d’un bouc.
On rappellera, prenant l’habit sans le décrire car sur ces sujets les sbires, c’est entendu, ont le suçoir étanche, que Boyz of Skandalz « s'occupe de littérature & de Précieux Sang. de poésie & de chasse à l'âme. de poésie conçue comme une orfèvrerie barbare. comme un masque de mort mexicain. comme un cortège vaudou. comme une forte invasion de criquets. »
On ajoutera que Boyz of Skandalz « est une émanation d'auteurs et d'artistes bien vifs. un reliquaire d'ivoire pour les coeurs des morts qui palpitent. un trône d'âmes extatiques qui restent à couronner. ses affiliés occupent l'espace crânement. ils entendent y grandir. avant de se défaire de leurs bandelettes & de retomber en poussière. »
En hommage rituel à la Catrina qui accueille par là-bas le visiteur, le novice ou l’impétrant, un instant migrons-nous l’âme (qu’on promène ces temps-ci rincée mais digne à la boutonnière, non canulante on y tient) d’un coup de cette aile entre le puce et le caca d’oie à Quauhnahuac où calanchent Mingus et le Consul de Malcolm Lowry. Aux puissances osseuses, à la pulvérulence, au touriste une seconde attablé dans notre éphémère cantina servons ce qui survit quoi qu’il en soit dans les contrées de sueur et de taureaux assommés :

[bande-son : Charles Mingus, « Los Mariachis » in Tijuana Moods]




[lecture : Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan, Buchet/Chastel, 1969, trad. Stephen Spriel et Clarisse Francillon, p. 73]
« La tragédie, proclamée, tandis qu’ils remontaient l’arc de cercle de l’allée, non moins par les trous qui y béaient que par les hautes plantes exotiques, livides et crépusculaires au travers des lunettes noires du Consul, succombant de toutes parts à une soif gratuite, titubant, semblait-il presque, les unes contre les autres mais luttant, comme en une vision des voluptueux expirants, pour garder une attitude suprême de puissance ou de fécondité collective saccagée, pensa vaguement le Consul, la tragédie semblait observée et interprétée par une personne en marche à ses côtés qui disait en souffrant pour lui : “Regarde : vois combien tristes, combien étranges peuvent être les choses familières. Touche cet arbre, qui fut ton ami : hélas, que ce que tu as eu dans le sang puisse jamais paraître si étrange ! Lève les yeux vers cette niche dans le mur là-haut sur la maison, où se tient toujours le Christ, souffrant, qui t’aiderait si tu lui demandais : tu ne peux lui demander. Considère l’agonie des roses. Vois, sur la pelouse les grains de café de Concepta, tu disais de María d’habitude, séchant au soleil. En connais-tu encore le doux arôme ? Regarde : les plantaniers aux singulières fleurs familières, jadis emblèmes de vie, à présent d’une malemort phallique. Tu ne sais plus aimer ces choses. Tout ton amour maintenant, ce sont les cantinas : faible survivance d’un amour de la vie à présent tourné en poison, qui seulement n’est point tout à fait poison, et le poison est devenu ta nourriture quotidienne, quant à la taverne —” »

[lecture-bande-son : Bibi lit Malcolm Lowry, Under the Volcano, Penguin Books, 2000, p. 70]


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