Participant modestement à Page 48, beau projet de Pierre Ménard :
« Le principe de ce site, qui existe depuis janvier 2005, est simple, il s'agit d'une série de lectures de livres de différents genres (roman, poésie, essai), mais une seule page, la page 48.
Ce projet s’inspire d’un texte de Joe Brainard, I Remember, dans lequel l’auteur américain évoque ses souvenirs à partir d’une formule récurrente lui servant de leitmotiv ou de ritournelle et dont s’inspirera ultérieurement Georges Perec en publiant Je me souviens.
“Je me souviens d'avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j'emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m'en être vite lassé.”
Le parcours de ces poèmes forme une lecture entre les lignes des livres de chevet, qui nous accompagnent au quotidien, et dont on n’achève jamais vraiment l'inépuisable lecture.
Un livre est tout entier contenu dans une de ses pages. Ces poèmes tissent entre les lignes espacées de nos lectures, les trames d'un récit chaque fois renouvelé, son écriture en marge. »
« Le principe de ce site, qui existe depuis janvier 2005, est simple, il s'agit d'une série de lectures de livres de différents genres (roman, poésie, essai), mais une seule page, la page 48.
Ce projet s’inspire d’un texte de Joe Brainard, I Remember, dans lequel l’auteur américain évoque ses souvenirs à partir d’une formule récurrente lui servant de leitmotiv ou de ritournelle et dont s’inspirera ultérieurement Georges Perec en publiant Je me souviens.
“Je me souviens d'avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j'emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m'en être vite lassé.”
Le parcours de ces poèmes forme une lecture entre les lignes des livres de chevet, qui nous accompagnent au quotidien, et dont on n’achève jamais vraiment l'inépuisable lecture.
Un livre est tout entier contenu dans une de ses pages. Ces poèmes tissent entre les lignes espacées de nos lectures, les trames d'un récit chaque fois renouvelé, son écriture en marge. »
On a oublié l’année. C’est en tout cas Mythologies d’hiver. On lit Mythologies d’hiver à croupetons sur ce parquet caramel qu’on ne saura bientôt plus.
« Quand elle meurt, son ange adorablement l’emporte. »
C’est à la page soixante-trois, on fond en larmes.
On ne pleure pas parce qu’elle meurt. Qu’elle meure importe peu. Il en faut plus au pleur. S’il vient c’est pour l’adverbe impeccable ; il arrive pour le faux alexandrin. Quant à la vergogne, étonnamment elle est au clou. Elle sait. Pressent avant que la conscience ne le saisisse qu’on entre dans une chose assez vaste pour qu’elle (la vergogne) consente à baisser un instant sa garde. On se dissout dans la chose immense qui au cœur de qui lit et s’y dilue tient lieu dès lors de dieu grêle. La chose considérable porte au cœur et dès lors ne le quitte plus.
D’aucuns assurent que lire Michon « c’est entrer dans une fresque ». On les croit. Mais par ici où toujours on a tiré subsistance et survie de l’infinitésimal, l’entière magie se tient dans le pas sculpté des bœufs, dans les louanges plus petites et les petits serpents très doux ; elle reluit sur la muraille verte. Offre ses mystères à la grande hostie de neige craquante, ces cheveux de paille gelée.
C’est l’année 2005, l’été croule. C’est sur la plage de Sainte-Marie-de-Ré où l’on ne va pas bien. De petits enfants jouent, qui cet après-midi-là portent au cœur de qui a conçu dès longtemps le choix de s’en priver. On croule. On ouvre Vie de Joseph Roulin. Comme on en fait craquer le dos, le soleil a soudain de la bénévolence. On va redressant avec résolution le petit totem intime, on « jubile sans ostentation ». On rentre : la chose innombrable chante.
« Quand elle meurt, son ange adorablement l’emporte. »
C’est à la page soixante-trois, on fond en larmes.
On ne pleure pas parce qu’elle meurt. Qu’elle meure importe peu. Il en faut plus au pleur. S’il vient c’est pour l’adverbe impeccable ; il arrive pour le faux alexandrin. Quant à la vergogne, étonnamment elle est au clou. Elle sait. Pressent avant que la conscience ne le saisisse qu’on entre dans une chose assez vaste pour qu’elle (la vergogne) consente à baisser un instant sa garde. On se dissout dans la chose immense qui au cœur de qui lit et s’y dilue tient lieu dès lors de dieu grêle. La chose considérable porte au cœur et dès lors ne le quitte plus.
D’aucuns assurent que lire Michon « c’est entrer dans une fresque ». On les croit. Mais par ici où toujours on a tiré subsistance et survie de l’infinitésimal, l’entière magie se tient dans le pas sculpté des bœufs, dans les louanges plus petites et les petits serpents très doux ; elle reluit sur la muraille verte. Offre ses mystères à la grande hostie de neige craquante, ces cheveux de paille gelée.
C’est l’année 2005, l’été croule. C’est sur la plage de Sainte-Marie-de-Ré où l’on ne va pas bien. De petits enfants jouent, qui cet après-midi-là portent au cœur de qui a conçu dès longtemps le choix de s’en priver. On croule. On ouvre Vie de Joseph Roulin. Comme on en fait craquer le dos, le soleil a soudain de la bénévolence. On va redressant avec résolution le petit totem intime, on « jubile sans ostentation ». On rentre : la chose innombrable chante.
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